Avertissement : Cet article est essentiellement rédigé selon une pensée et est plus une réflexion personnelle. Je fais également le lien entre sécurité des données et écologie car il y a sûrement plus de liens qu’on pourrait le penser.
Il y a quelques semaines, on m’a demandé ce qu’il serait possible de faire pour aider à l’écologie en milieu professionnel. Malheureusement, pour les personnes non IT la réponse est simple : rien. Même pour les personnes IT il peut être compliqué de faire quelque chose, à la fois pour des questions de fiabilité du matériel (garantie) ou pour des raisons de sécurité (mise à jour du matériel). Par contre, dans le milieu personnel, et même avec le matériel fourni par l’entreprise, il est possible de faire quelques efforts.
Pour commencer, un petit point sur l’électricité, aujourd’hui en France l’électricité est majoritairement produite par des centrales nucléaires, qui est un moyen propre de créer de l’électricité. Le reste est créé par des moyens renouvelables (panneaux solaires, éoliennes), dans tous les cas nous ne sommes pas capables de stocker l’énergie, les batteries ne permettent pas un stockage sur du long terme, on peut stocker au maximum quelques heures voire jours l’électrcité générée et la production d’électricité ne peut pas être contrôlée avec exactitude. Le sujet est évoqué par Jean-Marc Jancovinci sur cette vidéo.
Avec ces informations, on peut déjà retirer un faux impact sur la partie écologie : l’extinction des appareils. Aujourd’hui presque tous nos appareils ont un mode veille intégré. Lorsqu’ils sont en veille, ils consomment moins de 1 Watt (par exemple, les écrans DELL P2722HE), ce qui est ridicule par rapport à ce qui est généré. Alors oui, si tout le monde éteint complètement les appareils il y aura un impact mais ca serait très compliqué. L’important ici est d’activer la veille des appareils, pour les autres appareils type chargeurs, s’ils ne sont pas utilisés il est préférable de les débrancher pour éviter qu’ils consomment du courant pour rien.
Les appareils électriques
On va continuer sur les appareils, pour optimiser l’impact environnemental il faut bien choisir ses appareils pour minimiser au maximum la consommation et éviter d’avoir un impact. Pour commencer, il faut éviter un maximum les appareils petits appareils ou gadgets de marque chinoise qui ont souvent des défauts ou des problèmes :
- Non un chargeur chinois bas de gamme qui pèse 50g et coûte 10€ avec le câble usb-c ne sortira pas 45W même s’il le dit, et la qualité du câble laisse souvent à désirer. Privilégier une marque un minimum correcte. Les chargeurs Amazon Basics ou Ugreen sont de très bons exemples de chargeurs corrects à bon prix. Ces chargeurs ont également les sécurités minimums pour éviter les incendies ou autres problèmes.
- Pour les objets connectés et autres objets type caméra, répéteur wifi, … Privilégier les objets de marque non chinoise et de bonne qualité! Ils dureront plus longtemps et seront moins énergivores, même lorsqu’il s’agit de matériel pro reconditionné. Un autre problème se pose avec ces objets: ils ne sont souvent jamais mis à jour et demandent souvent des accès à des serveurs distants et à des applications à installer sur le téléphone, en plus parfois des données sont envoyées (les images des caméras par exemple) ce qui génère du trafic et demande du stockage et donc crée une pollution.
Pour les ordinateurs, il y a souvent des bons plans en ordinateur reconditionné. Pour le même prix qu’un ordinateur neuf, il est possible d’avoir un ordinateur qui a déjà servi et qui sera un peu plus ancien mais qui tiendra bien plus longtemps sans problème. Attention, ce moyen d’achat est idéal pour un ordinateur avec usage bureautique, pour une utilisation plus orientée jeux vidéo ou développement, graphisme, musique, … il convient de préférer un ordinateur neuf haut de gamme pour profiter des derniers composants.
Passons maintenant à la partie logicielle, ici l’objectif est d’optimiser l’utilisation des appareils pour éviter de trop consommer et dans certains cas allonger la durée de vie de l’appareil. Parlons pour commencer des ordinateurs car c’est le plus simple, de base un ordinateur ne consomme pas beaucoup d’électricité si rien n’est lancé dessus, il est simple de désactiver les logiciels au lancement de l’ordinateur et de fermer les applications qui peuvent être gourmandes en ressources si on ne les utilise pas (par exemple : un jeu vidéo qui est lancé mais mis en pause provoque une utilisation de la carte graphique qui est le composant le plus énergivore dans un ordinateur).
Les smartphones
Pour les smartphones et tablettes l’optimisation passe de la même manière que pour les ordinateurs par une diminution de l’utilisation d’applications. Cela permet à la batterie de moins se décharger et de durer dans le temps. Par extension la durée de vie du smartphone est allongée.
Pour les applications, il faut diminuer les droits d’exécution en arrière-plan ainsi que les notifications. Un point important pour diminuer l’impact écologique est de diminuer voire arrêter l’utilisation des réseaux sociaux, si l’on prend l’exemple de Facebook et Instagram, ces applis sont en permanence en récupération de données via le réseau (messages, nouvelles notifications, nouveau posts,…) ce trafic, même minime crée une utilisation du réseau et indirectement de la puissance demandée pour le téléphone pour la réception de données. Ajoutons à ca que ces applications ont désormais le droit de scanner tout le smartphone et peuvent remonter sur les serveurs de Meta les éléments stockés sur le téléphone que vous ne souhaitez pas qu’ils soient remontés. En plus de créer du trafic et donc de l’utilisation inutile de ressources, la société se permet de récupérer toutes vos informations privées.
Le même problème est présent sur toutes ces applications de réseaux sociaux, que ce soit Facebook, Instagram, tiktok, twitter… Ce qui se passe c’est que ces applications stockent les informations sur un serveur, cependant il y a derrière au moins un second serveur qui sert à la sauvegarde des données, ajoutons à ca le fait que le téléphone recharge à chaque fois les données à partir des serveurs de la plateforme qui passent par différentes infrastructures, nous obtenons un gâchis écologique énorme. A cela, il faut ajouter que les entreprises comme Meta ont des serveurs duppliqués dans différentes régions du monde pour accélérer le chargement des pages, il est largement possible de doubler ma première estimation du nombre de serveurs.
Ici j’évoque le cas Facebook et Instagram mais ce ne sont pas les seuls et le problème est le même pour les services de vidéo en streaming type Netflix. D’ailleurs, est-ce vraiment nécessaire de toujours mettre la qualité maximale des vidéos sur mobile? Pour moi non, une résolution 720p est suffisante sur mobile, au dela difficile de voir les différences, cela économise de la bande passante et permet d’éviter que la batterie de l’appareil ne fatigue trop vite. Idéalement, limiter en 360p ou 480p est encore plus écologique, et s’il s’agit seulement d’écouter quelque chose, alors passez en version audio! Et pour les sites audios types Spotify ou Deezer, on peut optimiser : acheter la musique, télécharger les mp3 et les mettre sur vos appareils, cela permet d’économiser de la bande passante et de diminuer l’impact.
Pour revenir dans le thème des réseaux sociaux, attends également aux contenus temporaires du type de Snapchat. Le contenu est certes visible pendant 24h mais au-delà il reste des traces, en téléchargeant les données on peut réucpérer les heures et dates des messages, même ceux supprimés. Je pense également que Snapchat garde le contenu pendant au moins un moment, peut-être par rapport aux lois mais je ne sais pas. Le type de fonctionnement éphémère incite également à poster plus de stories, et donc augmenter la consommation de réseau et… polluer plus.
Un autre point important pour les smartphones est le moyen d’échange de messages. Le SMS/MMS et RCS sont des moyens d’échanges plutôt écologiques par rapport aux applications type whatsapp, le SMS a l’avantage d’être simple : l’utilisateur A envoie un message à l’utilisateur B, si l’utilisateur B n’est pas disponible, l’opérateur garde le message jusqu’à ce que l’utilisateur B se reconnecte au réseau, le message est ensuite disponible seulement pour A et B, l’opérateur n’a aucune information sur le message. En plus, le RCS permet le transfert de fichiers plus lourds que le MMS et de manière sécurisée (chiffrée), ainsi aucun intermédiaire ne possède officiellement une copie de la conversation, ce qui n’est pas le cas sur des applications comme Whatsapp. L’interet est également que ça fonctionne nativement et en général avec une utilisation de batterie moins élevée car il n’y a pas une application supplémentaire qui est lancée.
Le cloud SaaS et les applications en ligne sur navigateur
Surement une des sources les plus importantes de l’impact écologique de l’informatique, l’utilisation de logiciel en mode “SaaS” et logiciel par abonnement / utilisable via une connexion internet permanente.
Pourquoi? Tout d’abord pour les logiciels avec licence et besoin de connexion internet permanente, il faut en plus de l’ordinateur de l’utilisateur final des serveurs pour héberger le logiciel qui sert à vérifier l’activation du logiciel en permanence. La vérification entraine une utilisation du réseau ainsi que l’utilisation de serveurs en datacenter pour parfois des logiciels identiques mais gratuits et/ou libres/open source, par exemple utiliser la suite Adobe pour du montage vidéo alors que des logiciels comme KDEnlive ou shotcut correspondent a 80% de l’utilisation de certains utilisateurs, ils sont gratuits et libres, sinon un logiciel comme Da Vinci resolve suffit. Ce système d’activation est très présent en entreprise et malheureusement il est souvent compliqué de s’en séparer.
Passons maintenant aux vrais logiciels SaaS, ces logiciels sont aujourd’hui majoritaires, les éditeurs poussent pour avoir ce genre de logiciels, tous les clients ont la même version (l’éditeur s’occupe de la mise à jour), l’éditeur héberge toute son application, du code à l’éxécutable ainsi il n’y a pas de fuite. Cependant le besoin en débit internet peut devenir très important en fonction des logiciels, par exemple un logiciel qui stream une vidéo demande beaucoup de bande passante et souvent la meilleure qualité ce qui demande encore plus de bande passante. Comme les éditeurs hébergent des données des clients, ils doivent également avoir des sauvegardes ce qui peut vite prendre beaucoup de serveurs de calculs ainsi que de serveurs de stockage alors que l’hébergement en entreprise dimensionnera le serveur en fonction de ses besoins et ne poussera pas à l’utilisation d’internet pour ces logiciels.
La solution à tous ça, d’un point de vue particulier est d’utiliser des logiciels utilisables en local, par exemple remplacer la suite Adobe par des alternatives gratuites comme évoqué précédemment, remplacer les éditeurs de pdf en ligne par un outil type stirlingPDF qui fait la même chose mais sur la machine de l’utilisateur final.
Pour la partie “pro”, on peut également citer des passages à des logiciels hébergés en interne plutôt qu’en externe, par exemple si un logiciel de ticket est internet à l’entreprise, des outils comme Redmine (très utilisé par des entreprises qui utilisent des serveurs Linux), utiliser les versions “bureau” de PowerPoint/Excel/Word, éviter le management via le cloud si l’infrastructure le permet, par exemple la gestion du matériel réseau via le cloud est une abérration et ouvre à des failles de sécurité en plus de nécessiter une connexion réseau permanente.
On peut également évoquer l’utilisation du cloud computing qui incite à avoir un ordinateur à distance allumé en permanence sur un serveur. Des entreprises comme Shadow proposent ces outils mais également Microsoft qui tend à faire venir Windows vers cette mode du “streaming”, l’ordinateur serait sur un serveur déporté et nous n’aurions qu’un petit boitié qui servirait à diffuser l’image de l’ordinateur et qui a comme contrepartie d’être très énergivore par rapport au modèle actuel.
Les mails vs Teams
Il s’agit de la question à l’origine de cette réflexion, est-il plus intéressant d’envoyer un message via Teams ou un mail?
La question est très vaste et y répondre est très compliqué. A une époque il y avait un protocole appelé POP3 qui ne stockait pas les mails sur un serveur mais stockait les mails directement sur les ordinateurs des destinataires.
Aujourd’hui la plupart des services de mails sont chez Google ou Microsoft ou encore OVH, il est devenu très compliqué de gérer un serveur mail en interne donc ce choix est logique mais entraine une perte de compétences. Les fournisseurs de mail hébergent tous les mails et le protocole utilisé est désormais l’IMAP, le serveur contient les mails et c’est l’utilisateur dans sa boite mail qui choisit ce qu’il fait des mails mais qui dit serveur dit équilibre de charge et sauvegarde. Pour la suite, j’utilise le cas Microsoft et Outlook qui est le plus commun, chaque utilisateur a 50Go pour ses boites mails et aujourd’hui le Outlook “Classic” intégré à Office est encore majoritairement utilisé, cette version télécharge une copie des mails en local et se synchronise avec le serveur distant régulièrement. Cette manière de faire est plutôt écologique, les appels aux serveurs ne sont que périodiques. En revanche la “nouvelle” version n’intègre plus ce coté mise en cache et demande en permanence une connexion internet, il s’agit d’une simple application de la version web d’Outlook. En plus elle consomme beaucoup plus de mémoire, le bon coté est la synchronisation directe avec le serveur web mais cela consomme également de la bande passante et n’est pas la meilleure solution écologique.
Pour Teams, tout est hébergé sur les serveurs de Microsoft, il y a donc toute une infrastructure avec de la bande passante et comme il s’agit d’un énorme réseau, duplication dans différentes régions du monde, plusieurs backups, le meilleur mix pour un énorme gaspillage de ressources.
Même si aujourd’hui les IA répondent qu’il est préférable d’utiliser Teams, surtout pour des petits messages, je ne pense pas que ce soit totalement vrai, les serveurs de mails des fournisseurs sont sûrement optimisés pour le stockage, il y a des possibilités d’archivage et avec le nouvel Outlook et l’arrivée de l’IA dans les clients mails et Teams, je ne peux pas le prouver mais je ne pense pas qu’il y ait un outil plus écologique qu’un autre, dans les 2 cas il y aura le besoin d’une connexion permanente et une trace : un contenu de message, des logs, des copies des contenus ainsi que des logs.
L’IA
Ce sujet est compliqué, déjà car il ne semble y avoir aucun retour sur les impacts énergétiques de moteurs de recherche comme Google et ensuite car nous n’avons pas de recul sur ce sujet. Il y a également plusieurs situations qui doivent être prises en compte et qui peuvent impacter énormément.
Pour commencer, un point sur l’IA, les IA qui sont sorties depuis 2022 sont des LLM, elles calculent simplement un taux de présence des mots en fonction de ce que l’utilisateur pose comme question initiale. Le calcul se fait souvent avec des GPU (cartes graphiques), ce sont les seules puces qui permettent de faire du calcul parallèle et qui permettent d’avoir des temps convenables pour créer une réponse. En plus du calcul pour obtenir une réponse, il faut également du temps et des capacités de calcul pour faire de l’inférence pour le modèle (lui donner des données à être capable de restituer).
Pour les IA conversationnelles comme ChatGPT, Gemini, Le Chat et d’autres, ces plateformes sont dans le cloud et ont des serveurs allumés en permanence, en ajoutant les comptes ainsi que les serveurs pour entraîner des futurs modèles d’IA, beaucoup de ressources sont consommées en permanence. Heureusement il y a sûrement des systèmes de mise à l’échelle des ressources en fonction des besoins mais il faut tout de même compter sur une connexion internet et donc utiliser du trafic internet.
Pour les IA de conversation, une bonne solution est d’utiliser ollama ou jan en local sur un ordinateur, cependant cela demande d’avoir un bon ordinateur.
En entreprise il y a beaucoup plus d’abus. Déjà Copilot est intégré partout chez microsoft, il est très difficile de passer à coté. Dans Teams, il permet de résumer des conversations et de faire une fonction de recherche de l’historique des conversations. Dans Outlook il rédige des mails et aide à la création de réunions. Dans PowerPoint il crée les présentations.
Ensuite il y a le problème des outils d’IA d’entreprise, ces outils sont des abérrations, pour entraîner leurs modèles il y a besoin d’accéder aux données mais plutôt que d’aller directement piocher dans les sources de données, il y a une copie des sources de données qui est effectuée et c’est un gachis écologique, il faut le double de serveur de données auquel il faut ajouter les serveurs de sauvegarde et les serveurs d’entrainement de l’IA, nous ne pouvons pas éviter ce désastre, refuser d’utiliser l’IA en entreprise revient à refuser de travailler. En plus parfois ces données sont simplement utilisées pour générer des rapports et ca pourrait très bien être fait avec des outils comme power bi directement reliés aux sources de données.
Le mot de la fin
Pour conclure ce pavé, nous ne pouvons pas faire de l’écologie aujourd’hui, nos technologies sont trop encrées pour ne pas être vues comme un extraterrestre lorsque nous refusons certaines actions. Il est souvent compliqué de refuser le progrès surtout en entreprise mais ce progrès est bien souvent contre le principe de l’écologie pure.